After a hot summer spent touring private swimming pools, we imagined a series of fragmented basins embracing variations of temperature, species, depth, akeen to a less reified vision of water's biological and sensorial qualities.
Images of the basins are published in c.e.l.a facing extremely precise and delicate descriptions written by author Théo Casciani.
After a hot summer spent touring private swimming pools, we imagined a series of fragmented basins embracing variations of temperature, species, depth, akeen to a less reified vision of water's biological and sensorial qualities.
Images of the basins are published in c.e.l.a facing extremely precise and delicate descriptions written by author Théo Casciani.
Des branches dérangées par le vent laissent apparaitre un plan d’eau. Les arbres retrouvent leur verticalité durant quelques secondes puis, au prochain balancement de la cime, l’entrelacs des pins et des figuiers dévoile à nouveau cette piscine rendue brillante par les reflets solaires. Le repas se poursuit le plus naturellement du monde, les invités sont plongés dans leurs assiettes tachetées de pollen tandis que certains jettent des regards discrets vers le bassin. Sitôt le dessert avalé, l’un d’eux quitte sa chaise en faisant crisser le fer forgé sur le tapis de gravillons et prend la direction de la piscine pour échapper à la touffeur de l’été. Plusieurs convives le rejoignent sur le ponton et décident de tronquer la chaleur caniculaire contre un bain digestif. Tout en ôtant leurs habits mouchetés de sueur, les uns et les autres observent cette piscine naturelle construite il y a quelques années, toisant la zone de lagunage avec ses roseaux et ses joncs baignés par l’eau trouble puis remarquant une sorte de gargouille recrachant le liquide régénéré par une pompe nichée dans un petit édicule de bois. Une grenouille bondit fugacement au moment où les premiers s’apprêtent à pénétrer dans le bassin. Certains se montrent cependant plus réticents à l’évocation de la présence occasionnelle d’un serpent dans le bain, une couleuvre aperçue de temps à autre par le propriétaire mais absente depuis quelques mois, et continuent de scruter les plantes aquatiques en tâchant d’oublier la menace du reptile. Les corps goûtent au plaisir de ce liquide vert et frais, leurs linéaments se détendent dans la cavité de béton et se confondent avec de longs cordons d’algues flottantes. Chaque moment d’inertie étant rendu désagréable par la viscosité du plancher, les silhouettes s’étirent aussitôt puis prolongent le cours indolent de leur nage, mais soudain, à l’instant où un premier cri de stupeur traverse le bassin, alors que les baigneurs se dressent brusquement et se précipitent hors du bain, la gargouille se met à dégueuler un flot de liquide sombre dans la piscine. En l’espace de quelques secondes, cette mélasse noirâtre se répand à la surface de l’eau. Les serviettes passent de mains en mains pour se laver des éclaboussures boueuses et déloger les résidus organiques nichés sous les maillots de bain, les peaux enduites par les restes de ces instants durant lesquels le loisir s’est changé en danger. Aucune trace du serpent, mais passée une certaine température inhérente aux jours chauds, les bassins naturels peuvent favoriser le développement de staphylocoques. L’un des invités cure les débris noirs pris sous ses ongles et se met à imaginer les configurations potentielles d’une piscine qui, se fragmentant, contiendrait son instabilité et permettrait une baignade moins risquée.